Vernissage - Hervé Boutet & Claude Almodovar

L'UPP est ravie de vous convier au vernissage de la double exposition de Hervé Boutet et Claude Almodovar avec leurs séries "Le silence de la rue" et "Là où le fleuve se jette dans la mer".

 Le vernissage se tiendra le 13 mai 2025 à partir de 18h30. L'exposition sera visible du 13 mai au 06 juin 2025.

"Le silence de la rue"

Hervé Boutet

Le confinement lié à l'épidémie est décrété. La ville habituellement mouvante et vibrante se fige soudainement. Entre espoir et résilience, les jours se succèdent, le temps semble suspendu. À l’image des créatures d’un récit d’anticipation à l’instant qui suit la catastrophe, de rares silhouettes émergent de l’ombre, traversent les rues épurées et se hâtent dans la lumière tranchante. D’autres savourent la douceur du dehors, le temps restreint, le temps qu’il reste … Le projet documentaire initial chemine aux frontières de l'illusion et invite le spectateur à s’immerger dans un univers imaginaire qui dépasse la réalité immédiate.

Crédit photo : Hervé Boutet

"Là où le fleuve se jette dans la mer"

Claude Almodovar

L’image de cette plage humble et lascive tient tout à la fois des bords de mer radicaux d’Oliviero Toscani et des paysages d’outre-futur de Giorgio De Chirico. Le sable n’y est finalement qu’accessoire. Tout comme le ciel ou l’eau. Seuls comptent les personnages qui s’y figent comme statues de sel dans l’ancien testament. Chacun jouant le rôle qui lui est dévolu par l’heure ou les conventions.  Le photographe est à la fois témoin, narrateur et protagoniste. Restituant tous les enjeux, tous les doutes, tous les abandons comme autant de poèmes épiques mais désespérants.

Là où le mythique Guadalquivir se précipite avec angoisse dans l’Océan, sur les proches complexes et vastes de Sanlucar de Barrameda, l’Andalousie s’oublie. L’amour n’y est plus que prétexte, la bière s’échauffe, les silhouettes s’érigent en manifeste esthétique. Et le photographe ose encore un peu plus loin. Comme pour retrouver les limbes de sa mémoire d’adolescent exilé. Comme pour renouer avec le goût de cette fin de Monde qu’il vient de récupérer par la grâce de son ami, l’illustre torero Pepe Limeño.

Lui qui croyait tout savoir de l’amour et du désespoir, lui qui sentait l’absence aussi fort qu’une présence, lui. 

Claude Almodovar. Photographe et enfant. Créateur de sensible. Inventeur-pourvoyeur de mélancolie. De cette aventure aux frontières des Suds, carrefour des univers musulmans et chrétiens, est née une suite d’images pour une exposition-passeport. Comme une invitation métaphysique réjouissante à la redécouverte esthétique et à l’introspection géopoétique. Il suffira désormais d’y croire pour découvrir le passage vers cet ailleurs que la société prétend nous nier.

Hasta siempre Claude !

Texte : Salvatore Lombardo, journaliste et écrivain

Crédit photo : Claude Almodovar