Exposition "A8" de Nicolas Moraud et "Coup après coup" de Laurent Troude
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Nicolas Moraud, lauréat 2024 de la bourse Laurent Troude
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Du 12 septembre au 4 octobre, l’UPP – Maison des photographes accueille l’exposition de Nicolas Moraud ainsi que Laurent Troude.
Le photojournaliste Laurent Troude (1968-2018) a travaillé toute sa carrière dans la presse. Il a commencé à 20 ans à L’Humanité avec de la photographie sociale, avant de collaborer à L'Équipe, puis à Libération en 1996 qui a été sa maison pendant plus de vingt ans. Sa photographie se remarque souvent au premier regard, vision décalée d’un événement, angles inédits, manière sans concessions et humaine de portraiturer le monde politique et ses acteurs. A sa disparition en 2018, à 50 ans, une association à son nom a été fondée pour lancer une bourse destinée à aider des photographes de moins de 30 ans avec des projets sur le territoire français.
La Bourse a été possible grâce à plusieurs partenaires : Libération et La SAIF qui dotent la bourse de 8000€, Divergence Images, Cdanslaboîte et enfin l’UPP qui permet aujourd’hui de présenter le sujet de son lauréat : Nicolas Moreaud, A8
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Présentation de "A8" :
Lorsqu’on évoque le viaduc auprès des habitants du Luc-en-Provence, il réveille un profond ressentiment, celui d’une mémoire collective blessée. Construit en 1974, il illustre le malaise d’un village sacrifié, symbole de la transformation rapide et douloureuse des paysages ruraux face aux exigences du développement économique. Le bruit constant de la circulation, la pollution et la rupture des paysages naturels ont contribué à un sentiment d’abandon. L'érosion d’un mode de vie et la destruction du patrimoine historique ont bouleversé l’identité des lieux. Aujourd’hui le viaduc autoroutier de l’A8 incarne la perte d’un idéal.
Avec ce travail je m’interroge sur la coexistence de l’être humain avec ces infrastructures autoritaires. Pris au piège entre deux architectures, le passé et le présent irréconciliables. J’explore cet entrelacement où la nostalgie survit à un avenir qui force la résilience.
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© Crédit photo : Nicolas Moraud
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© Crédit photo : Alicia Salvador Ivorra
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A propos du photographe :
Né en 2002 dans le Var, il débute ses études supérieures en école de cinéma, mais se tourne rapidement vers la photographie. Après l'arrêt de ses études, il photographie le mouvement contre la réforme des retraites, c’est de cette façon qu'il rencontre le métier de photojournaliste.
En fin d’année 2023, il décide de suivre la formation Photojournaliste Documentaire de l’EMI. Et c’est aux côtés du journal L’Humanité qu'il se familiarise avec la profession.
Il devient le sixième lauréat de la bourse Laurent Troude, lui permettant de poursuivre son travail sur l’A8
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Coup après coup :
L’exposition réunit quatre reportages sur des sports de combat, à différentes dates. Le 15 mai 2009, Laurent Troude photographie un gala de catch à Clamart au plus près du ring. Son travail, en couleur, cherche à rendre les corps en lutte, mais suit aussi les personnages qui gravitent autour. La vedette du jour, Flesh Gordon, 1,80 mètres, 100 kilos, vêtu d’une combinaison bleu électrique zébrée d’éclairs jaunes, donne une tonalité spectaculaire à l’événement. Elle répond au sol azuré et aux cordes colorées. Le 20 juin 2015, Laurent est à Berlin avec le journaliste de Libération Guillaume Gendron pour une compétition de MMA (Mixed Martial Art) dont les manifestations sont interdites en France. A la différence de l’esthétique bodybuildée du catch, les corps sont plus décharnés et l’affrontement plus violent. Dans les expressions des spectateurs, on voit la tension extrême du corps à corps qui va jusqu’au sang. Lors de cette « nuit de combat », le petit gars de Melun Taylor Lapilus, alias « Double impact », gagne contre le Japonais Sasaki. Le 7 février 2017, Laurent assiste à une séance d’entrainement d’un autre combattant de MMA dans la salle de boxe Temple Noble Art à Paris, celle du jeune prodige de 23 ans Thomas Duquesnoy, surnommé « Fire Kid ». Les images rendent compte de la diversité des situations: bandage des mains, briefing avec son coach, entraînement avec son sparring partner. Le noir et blanc donne du relief à la musculature et rehausse le chatoiement de la transpiration dans l’effort. Le 13 janvier 2017, Laurent fait le portrait du boxeur français Souleymane Cissokho, médaillé de bronze au JO de Rio, qui va disputer le lendemain son premier combat chez les professionnels face à l’autre Français Viguen Gulnazarian, dans la catégorie des super-welters (moins de 69,853 kg). Son parti pris est de décupler la silhouette du sportif : son ombre démesurée lui confère une aura de puissance.
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A propos du photographe :
Laurent Troude (1968-2018) a appris la photographie en autodidacte. Après des débuts à l’Humanité et des reportages sur l’actualité sociale, il commence à collaborer à Libération en 1996, devenant un des photographes réguliers du journal. Rapidement dévolu à la politique, il a couvert quatre campagnes présidentielles. Laurent aimait aussi traiter des sujets sportifs, pour l’Equipe Magazine et pour Libération avec une prédilection pour les sports de combat.
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