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Vernissage

Nous vous invitons à découvrir les expositions "Les Dunes qui marchent" de Gaëlle Astier-Perret et "Variations autour d'un rayon de soleil" de Karine le Ouay

L'UPP est ravie de vous convier au vernissage de l'exposition commune de Gaëlle Astier-Perret et Karine Le Ouay


Dans une volonté de représenter au mieux la diversité des regards, nous sommes ravis de vous présenter un nouveau format d'expositions autour du travail de deux photographes  : "Les Dunes qui marchent" de Gaëlle Astier-Perret et "Variations autour d'un rayon de soleil" de Karine le Ouay.
 
 
Le vernissage se tiendra le mardi 31 mai 2022 à partir de 18h30. L'exposition est visible du 31 mai au 24 juin.
 


Gaëlle Astier-Perret : Les Dunes qui marchent  




© Crédit photo : Gaëlle Astier-Perret 

Le départ de ce projet au long cours sur le Bassin d’Arcachon est une immersion méditative, puis la rencontre avec des ostréiculteurs et pêcheurs a offert un accès singulier au territoire. Eux s’adaptent aux aléas de la météorologie, des marées, mais également à la lente et irrémédiable montée des eaux, aux changements de températures, d’acidité, aux particules en suspension des polluants industriels. Zone touristique, le bassin d’Arcachon se relève le profil modifié par les hivers tempétueux, les paléosols noirs à découvert, et les oyats, végétaux qui retiennent la dune, à planter de nouveau. Les bunkers, repères fixes, indiquent les mètres avalés par l’érosion. Quand on navigue, on connaît l’invalidité progressive des cartes marines lorsque les rivages sont sableux. Les bancs et rives changent de forme. Qu’en sera-t-il de la cartographie du bassin confronté aux bouleversements climatiques de cette nouvelle ère « Capitalocène » ? 
Série-évocation des phénomènes de montée des eaux et d'érosion, les tirages pigmentaires ont été immergés dans l'eau de mer.

 
Karine Le Ouay :  Variations autour d’un rayon de soleil

 


© Crédit photo : Karine Le Ouay


Dans cinquante ans, les historiens se pencheront sur la période du confinement. Nul doute qu’ils n’examinent avec attention les productions d’une société ainsi mise à l’arrêt. Combien de journaux intimes, de comptes Instagram, confidents de l’humeur de la foule ! Mais aussi combien d’artistes, de peintres, d’écrivains, de photographes se seront-ils emparés de ce temps de « vacance », pour en faire la matière d’une œuvre ! L’interdiction de sortie, l’injonction à rentrer chez soi se sont mués, pour certains, en une invitation à “entrer en soi”.

Dans ce moment général d’introspection, loin de se déshabiller, Karine Le Ouay a choisi au contraire de s’en tenir apparemment aux seules apparences. Pas de visage nu, qu’un corps vêtu. Assignée à résidence, elle a retourné cette réclusion obligatoire en un dispositif d’évasion imaginaire. Chaque jour, à la même heure, au même endroit dans l’appartement, sous une même lumière, elle s’est ainsi glissée, comme une échappatoire au grand enfermement, dans une tenue à chaque fois différente. Au fil de cette suite très “pop” de femmes assises sous la lumière, elle s’est mise en scène dans un boudoir secret et sacré, à travers une succession d’autoportraits habillés, alternant différentes figures, saisissant « la femme au maillot de bain”, « la femme au bouquet de muguet”, « la femme champêtre au panier de fruits”, « la joueuse de cartes”, « la femme à l’accordéon”, « la femme au gâteau d’anniversaire”, « la femme écrivain”, « la femme au chapeau”, « la femme à la robe rouge”, « la femme aux haltères”, « la femme qui se fait les ongles”…et bien d’autres encore. Des personnages, des images, des moments de la vie, cette femme qui se démultiplie dans le feuilleté de l’existence, témoigne de ce que, comme l’écrivait Proust, nous sommes composés d’une multitude de “moi” qui apparaissent ou disparaissent au gré des circonstances. Comme dans un rituel réglé au millimètre, la femme photographe (qui apparaît d’ailleurs dans la série) s’est retrouvée quotidiennement face à elle-même pour cet exercice de transformisme singulier où Karine le Ouay a fait tourner au ralenti le carrousel de son vestiaire, épousant le rythme de la vie lente sous confinement. Ainsi est-ce le film de son existence que nous voyons défiler, non à vingt-quatre images par seconde mais à une image toutes les vingt-quatre heures ! Et quel rendez vous - érotique aussi bien que métaphysique -, pour quelqu’un qui fait profession d’écrire avec la lumière, que celui que l’on donne, comme elle le dit, « à un rayon de soleil », qui dessine tous les jours ce même parfait cône de lumière, découvrant un surprenant corps de femme sans tête. Comme les héroïnes des toiles de Hopper qui se tiennent à la fenêtre en attente du soleil, cette femme assise accueille le rayon comme la lumière d’une Annonciation qui la révèle à elle-même.

L’image, construite aussi rigoureusement que les vierges gothiques du moyen âge, inscrite dans un triangle de lumière, buste droit et bras occupés, relevé le plus souvent d’un décor floral, offre un curieux autoportrait : le visage est laissé dans l’ombre tandis que le corps, découvert par la lumière, oppose à cette révélation les sortilèges du travestissement. Le moi s’y offre et s’y cache selon la dialectique clignotante du paraître. Les différents états du textile, qui caresse, qui enveloppe, qui enserre, qui frotte la chair (du maillot de bain à la robe de soirée) saturent ces images d’une forte sensualité. Voire d’un autoérotisme féminin propre à l’étoffe qu’un psychiatre du XIX e siècle, Gaëtan Gatian de Clerambault, avait déjà mis en évidence à travers une série de photographies de femmes maghrébines.

Qui suis-je ? Qu’en sais-je ? Quand suis-je véritablement celle que je suis ? Dans ce tourniquet sans fin de l’identité, Karine le Ouay a choisi de s’étourdir en pariant que le travestissement pouvait être le meilleur révélateur du moi - un peu comme le suggère, sous une forme plus radicale, l’œuvre d’une Cindy Sherman. Rien de plus profond que la surface de la peau, écrivait Cocteau. Rien de plus vrai que le travestissement, semble répondre en écho la photographe.

 

Thierry Grillet, écrivain et essayiste.

 

Mardi 31 mai 2022
18h30 - 22h00 (GMT +2)
Union des Photographes Professionnels
11 Rue de Belzunce
75010 Paris 10e Arrondissement
  • Gratuit


Inscriptions closes
Intervenants
Gaëlle Astier-Perret
Photographe

Artiste visuelle, Gaëlle Astier-Perret interroge les rapports que nous entretenons avec le territoire et le vivant, à l’aube de ce changement d’ère géologique. Elle choisit un angle géopoétique : elle s’appuie sur des données scientifiques et découvre le territoire à travers une pratique méditative. Elle est diplômée, suite à une licence en Arts Plastiques, de l’École Nationale Supérieure de la Photographie (Arles). Elle vit et travaille à Paris.

Karine Le Ouay
Photographe

De son enfance en Amérique du Sud, Karine Le Ouay a gardé un regard sensible sur le monde, qu'elle cultive dès lors par la photographie. Diplômée du CELSA - Paris IV Sorbonne en techniques de l'information et de la communication, elle commence sa carrière en qualité de chargée de communication dans le secteur industriel, elle se tourne ensuite vers la conception de projets musicaux et l'accompagnement d'artistes dans leur promotion.

En 2018, suite à la remise d'un prix par les filles de Robert Doisneau, elle choisit de se consacrer totalement à la photographie, partageant son activité entre reportages, portraits et sujets d'actualité. Elle suit la formation photojournalisme – photographie documentaire de l’EMI-CFD en 2020 / 2021. Son travail est diffusé par le studio Hans Lucas depuis 2019 et publié régulièrement dans la presse nationale. 
Sensible à tout ce qui touche à l'humain, elle développe des projets documentaires.   

Lieu

Union des Photographes Professionnels

11 Rue de Belzunce
75010 Paris 10e Arrondissement

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Mardi 31 mai 2022
18h30 - 22h00 (GMT +2)
Union des Photographes Professionnels
11 Rue de Belzunce
75010 Paris 10e Arrondissement
  • Gratuit


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